Quand il n'est pas en mode grosse boule de poil - ce qui est tout de même très courant - il entasse les couches de vêtements pour rester bien au chaud. De grands morceaux d'étoffes lui servant d'écharpe cachent la moitié de son visage, l'autre encombrée par sa frange trop longue.  Malgré sa vie nomade, il prend grand soin de sa longue crinière pourpre.

A le croiser au détour d'un arbre, sa guitare pipa dans le dos et ses oreilles félines qu'il garde en permanence sur la tête, on pourrait penser que tout ce qui se passe dans sa tête se résume à : « ... »

Rêveur, distrait, plus souvent le nez levé vers le ciel que baissé vers les racines dans lesquelles il se prend facilement les pieds, il apparaît doux et inoffensif. Et la plupart du temps, il l'est.

Jusqu'à ce qu'on lui court sur le haricot.

En plus d'avoir une patience relativement limité, il n'est pas du genre à mâcher ses mots et on ne peut pas dire que l'amabilité l'étouffe. S'il ne sera jamais le premier à frapper, il ne se gênera pas pour autant à rendre la pareille à un agresseur et avec les intérêts si possible.

En résumé : gare aux froncements de sourcils et aux oreilles qui gigottent.

Trivia :
- Si vous arrivez à le gratter derrière les oreilles - bon courage - vous entendrez un ronronnement grave faire vibrer sa gorge.
- Quand il dort pas, il mange. Quand il ne mange pas, il dort. Des fois, il essaie de troquer ses talents de musicien et de chanteur dans un village ou dans l'autre.
- Lui faire manger des champignons le rend irritable.
- Son activité favorite reste la sieste.

Citations :
« Je m'en branle. »
« Fous-moi la paix. »
« C'est l'heure de la sieste. »
« Grrrrrr » <- bruit de son estomac malmené par sa flemme de chasser.


Cristati Cheetah ou Guépard à crète.

Sa forme animale se présente comme un grand félin. Une crinière rouge court le long de son échine, de la même couleur qui tâche son pelage gris. Ses pattes avant possèdent une griffe plus longue que les autres, aussi pratique pour déchiqueter ses proies que pour s'accrocher aux branches.

Malgré sa taille imposante (un bon mètre au garrot), il est très agile et peut réaliser des bonds impressionnants. Prédateur hors pair, il se camoufle facilement parmi les feuilles pourpres des arbres de la Forêt. Une fois sa proie repérée, elle ne lui échappe jamais tant il est à l'aise aussi bien au sol que dans les branches.

Illustration par Ilse Gort

Premier éveil.

C'est elle qui le trouve. Déboussolé et perdu dans un environnement étranger. Il ne sait pas comment il est arrivé là. Il ne sait pas non plus pourquoi. « Elle », c'est la prêtresse du temple de la petite île où il se trouve. Elle l'accueille et l'aide à retrouver des repères qu'il n'est pas sûr d'avoir eu un jour. Malgré son inutilité manifeste au delà du maniement du balais, elle lui donne la possibilité de s'acclimater à sa nouvelle vie. Elle le laisse jouer de sa pipa, avec un talent qu'il sait posséder, sans pour autant se souvenir de leçons qu'il aurait pu prendre. C'est elle aussi qui lui conseille de cacher ses oreilles quand il sort du temple. Et à voir le choc sur son visage quand il les fait disparaître au profit d'autres, tout à fait humaines, il se dit que c'est probablement une bonne idée.

Il n'y en a pas d'autre comme lui. L'île sur laquelle il a atterrit est si petite qu'il s'est dit que ce n'était sûrement pas si surprenant. Elle appartient d'ailleurs à un pays qui s'appelle « Chine » dont il n'a jamais entendu parlé, mais avec le trou noir qui lui sert de mémoire, est-ce vraiment surprenant ? Il sait qu'il est bien plus vieux que les humains qui vivent ici. Il sait qu'il n'est pas humain, d'ailleurs.  Il connaît son nom. Il est à peu près sûr qu'il est un combattant plus que convenable, sans pour autant vraiment aimer se battre. La musique, la sieste et les repas, ça, il aime. Au final, il se souviens de ce qui fait qu'il est lui, sans parvenir à se souvenir de ce qui a façonné celui qu'il est.

Il ne pas reste pas au temple très longtemps. La sociabilité n'a jamais été son fort, ou du moins c'est ce qu'il croit. L'île est calme, paisible. Le vent marin balaye doucement la plage où il a élu domicile. Sa petite cabane le protège des intempéries et ça lui suffit. Il vit de petite chasse et de pêche quand l'envie lui en prend. Il se transforme peu et passe le plus clair de son temps à regarder l'océan qui flirt avec le ciel, jouant de la pipa que lui a offert la prêtresse à son départ. Elle vient parfois lui rendre visite, souvent porteuse d'un repas avec ses grands yeux pleins d'étoiles qui le mettent mal à l'aise.


Deuxième éveil.

Un cri le réveille en sursaut. La tête enfarinée de sommeil, il regarde la prêtresse faire irruption dans sa cabane et lui parler à une vitesse folle. Elle lui parle d'une guerre entre les siens et les humains, d'un massacre mutuel dont il n'a pas conscience, isolé sur sa petite île. Le temps qu'il réaligne ses neurones, les pas lourds d'un groupe se rapprochant d'eux se fait entendre dans le silence de la nuit. La jeune femme le presse de s'enfuir et il obéit, n'emmenant rien de plus que les vêtements qu'il a sur le dos et son instrument de musique.

Le couvert des arbres dans les ombres de la nuit le protège des regards. Il observe les hommes étrangement équipés s'en prendre à la jeune femme qui n'a pas réussit à leur échapper. Le ton monte et ils le hèlent de loin, menaçant la vie de celle qui l'a accepté sans poser de question malgré ses étranges capacités. Résigné, il s'approche les mains levées en signe de reddition. Le son semblable à un coup de tonnerre le surprend avant que la douleur dans sa cuisse ne le fasse tomber à terre. Réagissant à l'agression, par réflexe, il sort les griffes et saute à la gorge d'un premier homme qui tombe en tentant en vain d'arrêter le flot de sang qui s'en échappe. Le suivant est désarmé juste à temps pour lui servir de bouclier puis est projeté sur un un autre. Trois autres hommes tombent sous le déchaînement de sa colère.

La scène qui s'ensuit est floue dans sa tête. Il voit la jeune femme se jeter devant lui et il entend un nouveau coup de tonnerre retentir dans la nuit. L'instant d'après, elle est dans ses bras, le cœur silencieux et la chaleur visqueuse de son sang sur ses mains. Lui est immobile, choqué dans une réminiscence qui ne veut pas se manifester autrement que par un trou béant au fond de lui. Une larme roule sur sa joue alors que les hommes l'enchaînent avant de l'emmener sans la moindre résistance de sa part.


Troisième éveil.

Une clé tourne dans la serrure de sa cage, le sortant d'un sommeil tourmenté. La plaie à sa cuisse a été nettoyée et soignée une fois le projectile de métal retiré. Le temps de sa captivité, elle a guérit presque totalement et elle ne le fait plus souffrir quand on le force debout et le pousse vers une destination qu'on ne daigne pas lui donner. Il a envie de leur faire payer les traitements qu'on leur a infligé, mais la promesse de lui laisser sa pipa tant qu'il se tient tranquille reste ancrée dans son esprit.

On le conduit devant un grand miroir, étrangement familier. D'un geste brusque, on le pousse à le traverser, des armes de tonnerre braquées sur lui. Il ne saurait dire si le voyage a duré longtemps, mais ce qu'il sait, c'est que le village où il atterrit ne l'inspire pas plus que le temple où on a prit soin de lui. Il le quitte aussitôt, sans prendre la peine d'obtenir d'information sur le pourquoi du comment de sa présence ici. Tout ce qu'il sait, c'est que les chaines et les barreaux ont disparus.

Au gré de ses errances, il découvre un deuxième village qu'il évite aussitôt. Il finit par faire le tour de sa nouvelle île aux dangers qui ont bien faillit lui faire perdre sa pipa. Et sa vie, aussi.

De retour au premier village, il troque ses talents de musicien lors d'une soirée contre un bon repas et des connaissances sur la flore locale. La faune, il l'a déjà croisée et les soins rudimentaires qu'il s'est octroyé ont laissé de vilaines cicatrices dont il se serait bien passé.

Depuis, il vadrouille un peu partout, très souvent sous sa forme féline. Il tient difficilement en place très longtemps et préfère l'errance à une vie sédentaire. Il s'est construit une solide connaissance de la Forêt et de ses aléas imprévisibles. Il en ramène toutes sortes de choses au village qui est sur son chemin. Des plantes récoltées aux peaux de ses proies ou simplement ses talents de musicien, il revient toujours aux villages avec quelque chose à troquer.

Il n'y a qu'un seul endroit où il aime vraiment revenir. Il s'est trouvé une petite grotte pour entreposer le peu de choses qu'il possède et qu'il ne peut pas trimballer, plus ou moins à mi-chemin entre les deux villages. En hauteur, elle lui offre la sécurité relative dont il a besoin pour dormir. Une petite source se trouve à l'intérieur et ruisselle jusqu'au pied de la paroi rocheuse en un bassin qui file en ruisseau un peu plus bas. Quand il n'est pas en vadrouille, il revient toujours là pour retrouver la paix que veut bien lui accorder la Forêt.