To eat or not to eat

Avachit de tout son long sur une branche, le félin grogne par intermittence dans son sommeil. Une oreille gigote. Sa queue tressaute.

Le vent qui vient ébouriffer les feuilles de son perchoir lui apporte une odeur familière. Alléchante. La gueule enfarinée se redresse, lui donnant un air passablement stupide. Humant l'air, il se lève sur sa branche en se léchant les babines, les oreilles bien droites sur sa grosse tête grise.

Les branches protestent sous ses pattes quand il bondit de l'une à l'autre, traquant l'animal blessé. Mort, si possible. C'est plus facile à manger que quand il faut lui briser la nuque.

Ses espoirs sont vite déçus quand il tombe sur un homme. Du haut de son arbre - où son arrivée n'a pas dû passé inaperçue - il regarde l'abîmé de son regard doré, la queue battant l'air de curiosité.

To Eat or not to Eat

Tu aurais sûrement mieux fait de te casser une jambe quand tu as décidé d'aller chercher quelques plantes pour remplir ton stock personnel de fil. Tu savais, pourtant, que la forêt était dangereuse mais tu ne t'attendais pas à te faire attaquer de la sorte par une bête sauvage. Ce coin était plutôt tranquille pourtant et tu ne t'étais pas beaucoup éloigné du village mais ça avait malheureusement suffit. Il faut croire que tu n'avais pas de chance en ce moment...

Tu t'étais alors posé contre un arbre après avoir fuit aussi loin que tu le pouvais et tu espérais simplement que l'on te trouve. Tu n'avais même plus la force de crier. Est-ce que c'est vraiment comme ça que le chemin que tu étais censé te tracer allait finir ? Bêtement ? A cause d'une erreur d'inattention ? Un soupir s'échappe de tes lèvres.

« Et merde. »

Bien sûr que tu as entendu la bestiole. La main contre ta plaie à la jambe, tu n'avais cependant pas l'énergie pour courir et lui échapper. Sinon tu serais déjà rentré chez toi. Ton regard brun se lève alors vers l'animal. Tu ne peux t'empêcher de te dire qu'il est beau et que tu ne l'as jamais vu. Mais qu'il allait sûrement aussi faire de toi son quatre heures.

« Si tu veux me bouffer, tu peux faire ça vite s'il te plait ? »

Quitte à être un bout de viande, autant éviter de souffrir trop longtemps.

code par shalynia ♥

Le félin se laisse tomber au sol, à côté du blessé. Il pose son postérieur à terre et penche la tête sur le côté alors qu'il passe son regard sur le corps du blessé. Son examen terminé, il se met à le renifler des pieds à la tête pour revenir à la plaie. Il se penche aussitôt au dessus de et en respire l'odeur à grand coup d'inspirations. Sa gueule s'ouvre, révélant une mâchoire à même de lui arracher la cuisse sans le moindre effort. Sauf qu'au lieu de le manger il vient lécher l'étoffe imbibée de sang de son pantalon. Il s'en lèche aussitôt les babines avant de poser son regard sur l'homme qui lui a explicitement demandé de le bouffer - au moins dans sa tête.

Immobile en dehors de son souffle chaud qui balaye le visage de l'homme, il le jauge du regard pendant un long moment. Finalement, il s'abaisse à côté de lui, bas sur ses appuis. La tête tournée dans sa direction, il semble attendre quelque chose.

To Eat or not to Eat

Tu as beau t'être résigné, voir la bestiole te tourner autour ne te rend pas spécialement à l'aise. Tu es passé au peigne fin, comme si elle était doué d'une conscience ou d'une intelligence particulièrement semblable aux Hommes. Quand enfin elle semble se décider, tu sens tout ton corps se tendre. Tu sais bien que tu lui as dit de le faire techniquement - même si tu ne sais pas qu'elle t'a compris - tu n'es pas spécialement prêt à te faire bouffer la guibole.

Yeux fermés, souffle retenu, tu es le premier à être surpris quand... c'est une langue qui se pose sur ta cuisse abimée. Il se passe un moment de flottement où tes prunelles se plongent dans celle de la Bête. Allait-elle te laisser tranquille ? Allait-elle partir ? Apparemment pas. Par contre, elle vient se placer à tes côtés et tu te retrouves un peu bête, à pas savoir quoi faire. A bien y réfléchir, on dirait un très gros chat. Un chat très dangereux, certes, mais un félin quand même. Alors, tu fais la première chose qui te passe par la tête : tu viens effleurer le sommet de sa tête de tes doigts dans de douces caresses. Comme pour le remercier de ne pas t'avoir attaqué.

« Si ça te plait pas, me mange pas la main s'il te plait, j'en ai besoin. »

Le ton est neutre, comme toujours. Presque factuel. Tes doigts, eux, profitent de la douceur de son pelage et se glissent derrière une oreille.

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Il lui fait des papouilles.

La surprise le fige et lui laisse le temps de recevoir les caresses, même de sentir les doigts se glisser derrière une oreille. Un ronronnement grave fait vibrer sa cage thoracique, l'espace de quelques secondes. Juste avant de devenir un rugissement agressif où il montre les crocs. Il se recule, l'air vexé au même titre que s'il lui avait marché sur la queue.

Finalement, la créature souffle et s'en va, disparaissant dans un buisson. Derrière les feuilles, des bruits se font entendre, comme si elle se débattait pendant un temps qui lui semble interminable, jusqu'à une plainte douloureuse, bien humaine. Le souffle court, le roux prend le temps de laisser le coût de sa transformation passer avant de revenir vers le blessé.

Les sourcils froncés, les oreilles couchées et le regard dur, il se plante devant le brun avec les poings sur les hanches.

Je me baissais à côté de toi pour que tu me monte dessus, pas pour que tu me papouilles comme un putain d'animal de compagnie ! gueule-t-il l'air tout sauf content.

Qu'il soit couvert de terre, d'un peu de sang, mais surtout complètement à poil ne semble pas le déranger le moins du monde. Croisant les bras, il désigne la plaie du menton.

Tu crois pas que tu devrais au moins faire un garrot pour éviter de te vider de ton sang ? demande-t-il tout aussi aimablement.

To Eat or not to Eat

Il ronronne, c'est bon signe.
Ah, il ronronne plus. Finalement c'est pas bon.

Alors que tu pensais te faire bouffer finalement, il s'en va. Tu hausses les épaules avant de reposer la tête contre l'arbre, gémissant faiblement de douleur. mais ce n'est rien à côté du bruit qui vient du buisson. Un humain ?! Et la bestiole alors, elle est partie ? Les pièces du puzzle s'assemblent quand tu le vois sortir, complètement nu, du buisson. Ah. Un Animorphe. D'un seul coup, tu te sens parfaitement honteux. Non seulement parce que tu as laissé ton regard couler sur lui, uniquement par réflexe, mais en plus... tu lui as caressé la tête. Au secours.

Si tu n'affiches rien de primes abord sur ton visage, ta déglutition est perceptible. T'as merdé et tu dois assumer maintenant. En tout cas, c'est comme ça que tu te sens vu le ton peu aimable qu'il emploie. Tu détournes les yeux. Si tu avais été plus pâle de peau, tu te serais sûrement coloré de rouge. Déjà que tu n'as pas l'habitude de parler aux autres alors quand ils sont nu... encore moins.

« Désolé, il y a eu méprise. »

Il t'interpelle de nouveau sur ta blessure.

« J'y connais rien en premiers soins mais j'ai un bout de tissu si... enfin, si vous savez le faire. »

Le ton est hésitant. Les yeux, toujours détournés.

code par shalynia ♥

L'animorphe lève les yeux au ciel et souffle, excédé par la situation. Tout sur son visage hurle « j'aurais dû rester dans mon arbre ». Pourtant, il vient s'agenouiller aux côtés du blessé et tend une main pour réceptionner le dit morceau de tissus en le fusillant du regard.

Ses gestes sont d'une délicatesse surprenante comparés à son comportement. Il écarte le tissus autour de la plaie, examine les tissus abîmés. Il se penche à nouveau au-dessus pour la renifler et goûter le sang, sa langue effleurant la peau. Un hochement de tête et il passe la bande d'étoffe autour de la cuisse blessée.

T'es pas encore infecté.

C'est le seul moment où il y va plus fort, lorsqu'il serre la bande d'étoffe pour endiguer le flot de sang.

Va falloir bander, maintenant.

Les doigts tâchés de sang sans qu'il en soit incommodé, il se redresse pour planter un regard dur dans celui de l'inconnu.

T'habites où à Tharion ? T'as ce qu'il faut là-bas ?

To Eat or not to Eat

Tu oses croiser de nouveau son regard.
Tu n'aurais pas du.

Avec l'impression incroyable de le faire chier, tu t'étonnes pourtant de ses gestes clairement pas en adéquation avec le ton qu'il emploie avec toi. Alors, comme ça, il est capable de douceur ? Ca t'étonne un peu mais tu comprends clairement qu'il n'est pas forcément ce qu'il prétend être au premier abord. Un peu comme toi au final. Enfin... il avait donnait quand même l'impression d'avoir un sale caractère.

Si tu rougis faiblement quand il passe sa langue sur ta plaie, tu gémis de douleur quand il la serre. Ca allait te faire boitiller pendant un petit temps ce genre de bêtise... Tu soupires un peu pour faire retomber la pression et hoche la tête.

« J'habite à côté de la Tisserande, tu sais où c'est ? »

Oh et.

« Tu devrais enfiler un truc avant de... enfin si tu veux m'accompagner là-bas quoi. »

On passera sur les sous-entendus complètement graveleux. On respire, on souffle. Ca faisait certes longtemps que tu n'avais rien fait, tu savais quand même reconnaitre la différence entre bander une plaie et... enfin bref !

« J'ai ce qu'il faut... et même un repas pour te remercier. Enfin... si tu veux. »

Ton regard se fait encore plus fuyant que d'habitude.

code par shalynia ♥

C'est bien une réflexion de citadin, ça...

Sans lui demander son avis, l'animorphe passe un bras dans le dos du blessé et l'autre sous ses jambes. Délicatement, il le soulève et ajuste sa prise en prenant garde de ne pas trop le secouer. Sans un mot, il prend la route de Tharion sans prendre la peine de se couvrir. Heureusement qu'elle n'est pas si loin, sa mansuétude n'aurait peut-être pas duré suffisamment longtemps.

Dans l'optique de ménager les habitudes bien pensantes manifestes du citadin, l'animorphe contourne le village par la Forêt le plus possible. Au fil de leur trajet silencieux - au moins du côté du félin - son expression s'adoucit peu à peu jusqu'à retrouver cet habituel air distrait.

Lorsqu'il s'engage enfin entre les bâtiments, il descend juste un peu son paquet abîmé, dissimulant ainsi ses bijoux de famille. Ce qui ne les empêche pas d'attirer les regards.

Au détour d'une rue, il regarde d'un côté, puis d'un autre, avant d'émettre un son dubitatif.

C'est par où déjà ?

To Eat or not to Eat

Tu passes outre sa première réflexion. Ca ne te paraissait pas insoutenable de devoir mettre des vêtements. Mais visiblement, vous n'aviez pas les mêmes notions de pudeur. Peut-être que ça venait de son côté animal ? Peu importe en vérité. Toujours est-il que, sans que tu n'aies quoi que ce soit à dire, tu te retrouves dans ses bras à la manière d'une princesse en détresse et... ton premier réflexe est de te cacher contre son cou que tu tiens de tes bras pour ne pas tomber. Merde...

Pour toi qui n'a pas ou plus l'habitude d'être proche des gens de la sorte c'est... un sacré coup de pied dans ton quotidien. Tu en perds complètement ton latin et reste globalement assez silencieux sur la route qui mène à ton chez-toi. Caché contre lui, tu n'as pas conscience des efforts qu'il fait pour toi. Sinon tu l'aurais remercié sur le champ.

Ce n'est qu'une fois arrivé au village que tu oses un peu sortir de ta cachette, comme une coquille qui s'ouvre.
Mauvaise idée.

Les regards qu'on vous lance - et qui sont légitimes - te donne envie de disparaitre d'un coup. Pfiou, comme ça. Malheureusement, ton calvaire n'était pas terminé... Pour la simple et bonne raison que tu allais devoir le guider. Donc sortir de ta cachette; Donc voir les gens autour de vous faire des messes-basses et autres. Bordel. Si tu pouvais, tu serais actuellement cramoisi.

« Par... Par là. »

Reconnaissant les rues, tu le guides alors, essayant de rester le plus calme possible.
Autant que peu l'être un pagne improvisé car c'était visiblement ce que tu étais, là tout de suite.

code par shalynia ♥

Suivant les instructions distraitement, il arrive que son attention soit si dissipée qu'il loupe une intersection. Ca ne fait que prolonger leur trajet où les badauds les dévisagent jusqu'à les suivre pour connaître leur destination.

Inconscient des répercutions de sa présence dans cette non-tenue pour son passager, il le dépose devant sa porte et le soutien le temps qu'elle soit ouverte. Un coup d'œil distrait aux alentours fait fuir les curieux malgré son air indifférent. La porte ouverte, il reprend le blessé dans ses bras et donne coup de pied dans le bois qui se referme dans un claquement sonore. Sans demander quoi que ce soit à son hôte, il cherche une chaise pour l'y installer avant de regarder ses mains.

Où est-ce que je peux trouver de l'eau ? Et de quoi te soigner, pendant qu'on y est ?