Séléné n'est pas bien grande, atteignant à peine le mètre soixante-sept, elle est bien plus athlétique que pulpeuse. Possédant une peau aussi blanche que la neige, il n'est pas rare d'y voir des traces plus rosées que d'autres, souvenirs de la guerre contre les humains. Une longue chevelure rousse, possédant des reflets bien plus sanguins, encadre un visage ovale aux traits fins. Une bouche charnue aux lèvres roses, un petit nez en trompette, deux prunelles ambrées tirant parfois bien plus sur l'orange encadrée de longs cils noir et une multitude de points de beautés agrémentés de taches de rousseur, terminent ce tableau. Elle porte généralement des pantalons de cuir, agrémentés de tunique faite de cuir également. Bien qu'elle ait laissé les armes en venant sur l'île, elle n'est pas devenue inoffensive pour autant et possède toujours quelques couteaux à portée de main, dissimulés sur elle.

Séléné est séduisante, elle le sait et pourtant, elle se montre bien plus glaciale que solaire. La guerre ayant laissé des stigmates profondes, sa chaleur a laissé place à la glace pour faire face à tout ce qui se produisait. Séléné croyait en cette guerre, elle était persuadée qu'ils parviendraient à vaincre, mais elle était tombé de haut lorsqu'elle s'était rendu compte de ce que cette victoire allait leur coûté. Elle avait été de ceux qui avaient accepté la trêve. Selon elle, la victoire ne justifiait pas autant de sacrifices, ils avaient déjà bien trop perdu. Leur histoire à tous avait déjà été particulièrement compliquée, arriver dans ce monde sans le moindre souvenir d'avant. Cela avait déjà été un coup dur. Mais voir les derniers membres de sa race se faire massacrer sur le champ de batailler avait été trop. Jamais elle n'avait été déloyale à son camp, combattant sans relâche. Déterminée, cruelle, sans pitié. Elle n'avait pas hésité à s'épuiser pour que son camp gagne, en vain. Séléné avait été dans les premières à passer le miroir, une nouvelle fois obligée de s'adapter à un nouveau monde. Elle s'était renfermée sur elle-même, ne laissant que peu de personnes entrer véritablement dans son cœur. Avec le temps, les nouvelles créatures arrivant et le village s'étendant, elle s'était quelque peu adoucie, mais la peur de perdre un membre de son clan demeurait au fond d'elle. Séléné ne songe aucunement à retourner sur terre pour se venger, bien que cette envie profonde soit ancrée en elle, elle est persuadée qu'il est préférable de construire des bases solides sur l'île, avant d'entamer quoi que ce soit d'autre. Malgré son dévouement envers sa faction, elle n'en est pas pour autant pacifiste.

Rien... Le vide... Le néant... Séléné avait ouvert les yeux un beau jour, elle s'était retrouvée face à une étendue herbeuse, accompagnée d'autres personnes qui semblaient aussi désorientée qu'elle. Que faisait-elle là ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à se rappeler comment elle était arrivée dans ce lieu ? D'où venait-elle ? Tant de questions qui tournaient dans son esprit et dont elle ne parvenait pas à trouver la réponse. Elle était Séléné Ashes, une Maraudeuse, elle connaissait son âge, reconnaissait des visages qui se trouvaient à ses côtés, mais rien d'autre. Tout semblait avoir été perdu, effacé, comme si elle était apparue ainsi, sans passé, sans souvenirs. Rapidement, elle s'était mise en mouvement, allant voir les visages qui lui étaient familiers, posant des questions. Elle s'était rendu compte que tout le monde semblait être dans la même situation qu'elle. Certains s'étaient éloignés, d'autres étaient partis en groupe et elle, elle était restée. Elle était restée avec sa sœur, Astrea et d'autres qui ne désiraient pas se précipiter. Une soeur avec laquelle elle n'avait plus aucun souvenir et pourtant, elle était persuadée qu'elles partageaient un lien de sang. Plusieurs jours étaient passés, sans que la situation ne change véritablement. Ils avaient tout essayé, tentés de retrouver leurs souvenirs, en vain. Alors ils s'étaient mis en mouvement, explorant les environs, découvrant cette nouvelle planète dont ils ne connaissaient rien du tout. Ils avaient très vite compris que cette planète était déjà habitée et ils avaient approché avec précaution ces étranges créatures qui leur ressemblaient. Certains étaient parvenus à sympathiser, la méfiance toujours dans les regards, mais petit à petit, ils parvenaient à établir un contact. La barrière de la langue n'existait pas, étrangement, ils utilisaient les mêmes mots, les mêmes phrases, ce qui facilitait d'autant plus leur acclimatation. Pendant deux mois, Séléné avait découvert cette vie particulière, avait appris les us et les coutumes de ces humains, comme ils s'appelaient. Elle avait eu la chance de tomber dans un endroit reculé, perdu quelque part dans le Canada. Les locaux les avaient simplement pris pour des ignares, des innocents qui découvraient seulement le monde, une bizarrerie de plus dans leur monde. Elle avait profité de ce calme, pour comprendre ce qui s'était produit, pour tenter de percer le brouillard dans son esprit, en vain. Elle ne parvenait pas à comprendre, à trouver la moindre raison logique. Sa sœur, elle, avait déjà abandonné, se faisant une raison quant à leur perte de mémoire.

Et puis tout avait basculé, les humains s'étaient mis à les éviter sa sœur et elle, à se méfier d'elles alors qu'elles n'avaient jamais rien fait de mal. La fascination avait fait place à la peur et la méfiance était revenue. Les liens s'étaient faits et la vérité avec été découverte malgré leurs précautions. Elles faisaient partie des autres, de ces autres qui étaient dangereux, contre lesquels ont les avait mis en garde. Séléné, voyant le danger arriver, avait emmené sa sœur autre part et ensemble, elles avaient rejoint d'autres créatures. De plus en plus, on entendait parler de tueries, de meurtres, de massacres. La peur se répandait comme une traînée de poudre, si bien que la guerre se déclencha sans qu'elle ne comprenne vraiment comment ils en étaient arrivés là. Du jour au lendemain, les humains s'étaient mis à la traquer et certaines créatures ne s'étaient pas laissé faire. La situation s'était envenimée, cela avait été un carnage. L'artillerie lourde avait été sortie, des raids avaient été menés. Au début, Séléné fuyait, désireuse de protéger sa jeune sœur. Elle ne voulait pas prendre part aux combats, dans un vain espoir que si elle ne faisait rien, on ne viendrait pas les chercher. Lors d'une escale dans un état dont les noms se mélangeaient pour elle, la situation était devenue chaotique. Elles étaient parvenues à trouver un refuge chez des humains, des humains qui s'étaient empressés de les dénoncer auprès de leurs autorités. Ils étaient arrivés dans la nuit, les avaient surprises dans leur sommeil. Astrea n'était pas parvenue à se contrôler, terrifiée par la situation et les coups de feu avaient retenti. Séléné avait assisté avec horreur au meurtre de sa sœur, qui n'avait voulu que créer une illusion pour se protéger. Le corps sans vie d'Astrea, baigné de rouge et le regard hanté dirigé vers elle, cette scène avait brisé quelque chose en Séléné. Elle qui s'était retenue pendant tant de temps, qui avait cru, naïvement qu'en agissant comme les humains, ils allaient les laisser tranquilles. Elle avait fait s'entre-tuer les militaires qui avaient froidement assassiné sa sœur par manque de connaissances sur leurs pouvoirs. Ensuite, poussée par une rage froide, elle s'était vengée des humains qui les avaient dénoncé. Sa colère ne semblait avoir aucune limite, dévorant son cœur comme un feu de forêt.

Après cela, la rousse ne s'était plus cachée, elle avait même rejoint un groupe de résistant, alliant ses pouvoirs afin de combattre l'humanité, laissant libre cours à sa tristesse, à sa haine et à sa rage. Pendant des semaines, elle s'était battue, elle avait tué sans distinction, jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et ne ressente plus que du vide en elle. Là, elle ouvrit les yeux sur ce qu'il se passait et prenait conscience qu'ils ne parviendraient pas à l'emporter sans manquer de s'éteindre avant. Tant des leurs avaient déjà disparu et les humains semblaient toujours plus nombreux. Lorsque la rumeur d'un pacte, d'une trêve se répandit, Séléné sauta sur l'occasion afin de sauver ce qui restait des siens. Elle fut dans les premières créatures à accepter ce pacte, acceptant par la même occasion d'être bannie de la Terre à tout jamais. Il n'y avait pas eu de jugement, simplement un long chemin menant vers un grand miroir. Un miroir qui lui semblait étrangement familier, mais dont elle ne parvenait pas à se souvenir. Elle avait traversé le miroir et était arrivée au milieu de nul part, entourée d'arbres aussi rouges que le sang. Ils n'étaient pas venus à beaucoup lors de cette première vague, perdus au beau milieu d'un endroit dont ils ne connaissaient rien. Blessés, épuisés par la guerre, ils n'avaient plus la force de combattre à nouveau. S'adapter avait été bien plus compliqué dans ce nouvel endroit, sans rien. Il leur avait fallu plusieurs jours pour trouver la force d'explorer les alentours, de se rendre compte des dangers que représentait cette île. Car, après le survol de ce nouvel endroit, il était devenu clair qu'il s'agissait d'une île au beau milieu d'un océan.

Les jours étaient passés et comprenant qu'ils étaient livrés à eux-mêmes, ils s'étaient organisés. Tharion avait été créé. D'abord un petit campement, dans lequel arrivait régulièrement des créatures qui venaient de traverser le miroir et ensuite un petit village. Ce village s'était développé, chacun avait mis la main à la pâte, travaillant afin de se créer une nouvelle vie ici. Ils étaient tous moins forts, mais cela ne les empêchaient pas de continuer de se battre pour vivre. Une société s'était mise en place avec l'élection d'un Conseil et la création des Faucheurs. Le village était mieux protégé contre les monstres, mais ce n'était pas toujours suffisant. La vie reprenait son cours, chacun trouvait sa place... Ou presque. Séléné assista au premier exil du village et puis aux autres qui suivirent. Elle apprit bien plus tard qu'un autre campement avait été créé, Velys. Certaines créatures s'étaient mises à désirer partir, tenter leur chance seul ou à plusieurs. Ainsi, étaient nés les Vagabonds. Elle avait ouvert le Belladone et rendu de nombreux services, tentant de transmettre ses connaissances de l'île acquise au fur et à mesure des mois. Mais Séléné était toujours hantée par le souvenir de sa sœur et malgré son appartenance aux Tharis, elle vouait une haine sans borne aux humains. Pourtant, elle comprenait que les créatures devaient se remettre, se renforcer, avant de tenter quoi que ce soit d'autre. Ce n'était pas le bon moment et elle se demandait si ce moment arriverait un jour.