Quand vous le voyez pour la première fois vous vous sentez intimidé. Les jambes tremblantes, vous maintenez le regard tout en observant sa silhouette imposante. Vous vous arrêtez sur ses muscles parfaitement dessinés avec ses veines qui apparaissent en relief sur l’ensemble de son corps. Beau, charismatique, effrayant, ce sont les mots qui vous viennent en le regardant. Pourtant, il y a cette aura négative qu’il dégage, elle vous répugne et c’est comme si cette apparence charmante cachait en réalité un monstre redoutable.

Ses yeux violacés captivent votre attention et sans que vous vous en rendiez compte vous tombez progressivement sous le charme de la bête. Sa voix grave et suave commence à résonner dans votre tête comme une douce mélodie. Pourtant, au fond, vous sentez agressé, blessé par sa seule compagnie. Étonnant paradoxe, vous essayez de comprendre d’où provient la fourberie. Mais il est trop tard, vous plongez dans un noir plus noir que sa peau mate. Car animé par la haine votre seule présence l’a agacé, vous n’avez rien fait, mais votre silence a contribué à votre perte.

Mais la mort ne vous a pas fait oublier qu’il est vraiment. Mystérieux au premier abord, il pique votre curiosité. Pourtant plus le temps passe, plus vous arrivez à cerner ce personnage qui ne filtre rien. Il est authentique, ne porte jamais de masque car l’hypocrisie ne rime pas avec Achille.

Il est cet homme qui vous dévorera, qui vous plongera dans la haine. Il ne dégage que ça, de la haine, de la colère et ces émotions continues à le consumer chaque jour. Prisonnier d’un passé qu’il a oublié, il cherche à lutter contre lui-même contre ces mots qui ne cesse de se répéter. Chaos, chaos, il veut en causer, il veut se venger, tuer tous ces traites qui l’ont enfermé sur cette île. Remonté, instable, colérique tant d’adjectif qui le définisse et si par malheur vous pensez qu’il y a un cœur derrière cet empire sanglant, il n’y a rien à part de la destruction.

Si par chance il vous montre de l’intérêt ne pensez pas ce sentiment restera bien longtemps. Il n’est pas loyal, juste une boule de contradiction qui agit à l’instinct. Pourtant il affiche toujours cette confiance en lui car quand il fait quelque chose il n’hésite pas, il ne doute pas. Mais cette foi en lui-même est à double tranchant puisque malgré sa puissance il n’en reste pas moins un mortel. Alors vous pouvez essayer de jouer avec ça pour le déstabiliser.

Le croiser est souvent synonyme de malheur alors faites attention à ce que vous dites, comment vous le dites car il interprétera ça toujours de la manière la plus négative. N’essayez pas le taquiner, de la complimenter ou alors apprenez à courir vite.

S’il s’avère être d’humeur à vous parler, il discutera avec vous avec un air indifférent et vous manquera la plupart du temps de respect. Il ne respecte que ceux qui lui ont tapé dans l’œil, les personnes qui selon lui sortent du lot.

Rongé par la haine, il s’était éveillé, les mains ensanglantées et la mémoire encore endormie, il cherchait à se rappeler, à trouver un repère dans ces silhouettes qui l’entouraient. Mais rien, le néant, comme si le monde l’avait formaté, comme s’il n’avait plus le droit de se rappeler. Déboussolé, animé par des envies qu’il ne comprenait pas, il était parti devant.

Mais ces émotions qui le rongeaient, ces créatures qui le suivaient, qui lui posaient mille et une question, il ne supportait pas ça. Il voulait les faire taire, tous, mais bien vite un autre problème était venu s’immiscer dans ce foutoir. Un être à la même apparence qu’eux venait d’apparaitre devant le troupeau. Étrangement habillé, celui-ci ne dégageait aucune magie.

Certains inconscients, tentaient de communiquer avec lui, mais bien sûr l’homme n’était pas enclin à échanger. S’en était trop pour Achille, il perdit le peu de patience qui lui restait et en un battement d’aile, il venait se saisir du col de l’inconnu. Effrayé par ce qu’il venait de voir, l’homme implora pour sa vie mais il n’avait fait qu’empirer son cas. Le métissé l'avait plaqué violemment contre un arbre avant de lui hurler dessus, il voulait lui soutirer le plus d’information possible.

Bam. Noir.

Plusieurs jours s’étaient écoulés et péniblement Achille se réveilla d’un long sommeil. Il frotta l’arrière de sa tête qui lui était douloureuse tout en essayant d’observer les environs de sa vision trouble. Il sortit dehors et assista au chaos, des maisons qui brûlaient, des cris stridents qui résonnaient, formant un écho jusqu’à même son esprit. Il ne comprenait rien, tout ce cirque jouait avec ses nerfs, s’en était trop. Achille serpenta entre les décombres pour rejoindre l’origine de cette mélodie qui allait signer le début de son long amusement.

Il reconnaissait le visage de certains des siens, pas qu’ils s’en souciaient mais cette vision d’horreur de se faire dominer par une espèce qui lui était inférieure, le délectait. Car devant lui des personnes s’entretuaient, c’était sûrement la différence qui était la cause de cette discorde. Achille marcha lentement vers ce qui semblait être un misérable humain avant de lui décocher une droite en pleine face. Il continua, continua, amplifiant la force à chaque coup tout en insufflant de la magie dans ses bras. Il soulageait sa haine avant de faucher définitivement la vie de l’homme. Puis il enchaîna, volant le rôle de la mort avant de se faire entourer par ces insectes. Essoufflé, à court de magie, désarmé, il n’avait aucune chance et pourtant il restait debout avec cet air confiant. Les coups de feu sifflaient dans les oreilles du métissé et bien vite il tituba, avant d’aller épouser le sol. Entre deux battements de cils pénibles, il voyait une chevelure rousse s’approcher de lui avant de le saisir. Il était sauvé.

Après cette mésaventure, Achille rejoignit la résistance pour essayer de repousser l’ennemi. Mais plus il avançait, plus le groupe diminuait et bien vite la défaite ne semblait plus être une option. Il n’était pas du genre à abandonner alors il poursuivit sa mission sans relâche jusqu’à ce que son propre peuple le trahisse. Ils avaient décidé de signer une trêve et malgré ces semaines de cavale, il a fini par être envoyé lui aussi sur cette maudite île.

Quand il arriva sur l’île, il croisa un faucheur du village de Tharion. Son visage lui était familier, c’était l’un des traitres qui avaient accepté les conditions des humains. Alors que le faucheur lui proposait de l’accompagner jusqu’au fameux village, Achille, lui, préféra le punir pour son crime. Il le tua sans vaciller, sans hésiter et par un concours de circonstance, le chef des Vels se trouvait là.

Il rejoignit bien sur ce petit clan qui voulait se venger des humains et Achille s’y accommoda. Il s’entraîna et appris l’essentiel qu'il y avait à savoir sur cette île. De fil en aiguille, à force de tuer des monstres, d’effectuer correctement son travail, une mission lui fut confiée : espionner les Tharis afin de connaître la moindre de leur faiblesse et comment les rallier à la cause des Vels.